Le nouveau plan pour l'Irak de Bush attaqué au Congrès

Le nouveau plan pour l'Irak de Bush vivement attaqué au Congrès américain© AFP


Le président américain George W. Bush s'entretient avec des soldats et des familles de soldats, le 11 janvier 2007 à Fort Benning


Le nouveau plan de George W. Bush pour l'Irak a été qualifié jeudi au Congrès de "pire erreur" depuis la guerre du Vietnam, alors que l'administration, parlant d'un gouvernement irakien "en sursis", admettait ne pas pouvoir définir la durée de l'engagement américain.L'événement

"Nous comprenons qu'il y a beaucoup de scepticisme" sur la gestion de la guerre en Irak, a reconnu la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice sur plusieurs chaînes de télévision américaines.

La nouvelle stratégie de M. Bush est "la pire erreur de politique étrangère" des Etats-Unis depuis la guerre du Vietnam, a rétorqué le sénateur républicain Chuck Hagel, lors d'une audition de la ministre au Congrès.

C'est une "erreur tragique", a renchéri le nouveau président démocrate de la commission des Affaires étrangères, le sénateur Joseph Biden, tandis que son homologue de la Commission des forces armées, Carl Levin, estimait que "la stratégie choisie par le président n'était pas la voie du succès".

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki "sait que, d'une certaine façon, son gouvernement est en sursis" et "notre mission est d'aider, et je souligne le mot, aider les Irakiens", leur a répondu Mme Rice.


La secretaire d'Etat américaine Condoleezza Rice, lors d'une audition devant le Congrès, le 11 janvier 2007

Lors d'une autre audition au Congrès, son collègue de la Défense, Robert Gates a menacé d'une révision du plan Bush si les dirigeants irakiens ne respectent pas leurs engagements. "La première réaction si nous découvrons qu'il ne remplissent pas leurs engagements est de le leur rappeler avec force" et "si au bout du compte ils ne respectent pas les engagements (...) nous devrons revoir notre stratégie", a-t-il dit.

Le gouvernement irakien s'est engagé à autoriser les forces américaines et irakiennes à traquer les milices sunnites et chiites sans interférer en faveur d'un camp ou un autre. Bagdad s'est aussi engagé à déployer trois brigades irakiennes dans la capitale.

Condoleezza Rice a écarté l'idée d'un voyage prochain en Irak. "Je n'ai pas l'intention de me précipiter sur le gouvernement Maliki et d'avoir l'air, en quelque sorte, de lui donner une raclée", a-t-elle expliqué en pensant ne pas être enregistrée.

M. Bush a annoncé mercredi dans un discours à la Nation le renfort de plus de 20.000 militaires américains en Irak, dans le cadre d'une nouvelle stratégie visant à mettre un terme aux violences dans ce pays, qui ont déjà coûté la vie à plus de 3.000 soldats américains.


La nouvelle stratégie de Bush en Irak.

Dans le cadre d'une vaste offensive de l'administration pour défendre la nouvelle stratégie, M. Gates a annoncé une augmentation de 92.000 hommes des effectifs de l'armée de terre et du corps des Marines au cours des cinq prochaines années. Il s'est toutefois refusé à spécifier la durée de la mission des 20.000 soldats supplémentaires envoyés en Irak. "Nous verrons", a-t-il dit.

Mme Rice a annoncé la nomination de l'ancien ambassadeur en Haïti et au Soudan, Timothy Carney, au poste de coordinateur pour la reconstruction en Irak.

A Fort Benning en Georgie (sud), George W. Bush a défendu son plan qui prévoit le déploiement de 4.000 Marines supplémentaires dans la province irakienne d'Al-Anbar et 17.500 soldats à Bagdad. Ce renfort s'ajoute aux 132.000 militaires américains déjà présents en Irak.

"La nouvelle stratégie ne va pas avoir d'effets immédiats, cela va prendre un peu de temps", a averti M. Bush. Il a rejeté à nouveau tout retrait militaire d'Irak, soulignant qu'il ne ferait que renforcer les islamistes.

Les alliés indéfectibles des Etats-Unis ont loué jeudi ce nouveau plan de bataille pour l'Irak tandis que les principaux partis irakiens réagissaient avec un enthousiasme mesuré.