Ingrid Betancourt: face aux critiques, la France assure faire tout son possible
Lorenzo Betancourt (C), Mélanie Delloye (G), les enfants d'Ingrid Betancourt, et Fabrice Delloye, ex-mari d'Ingrid Betancourt, le 22 février 2007 à Paris, après leur rencontre avec Ségolène Royal
Critiquées par la fille d'Ingrid Betancourt, les autorités françaises ont réaffirmé jeudi qu'elles faisaient "tout ce qui est possible" pour obtenir la libération de la Franco-Colombienne, otage depuis cinq ans en Colombie.
"Tout ce qui est possible est fait pour hâter la fin de cette épreuve", a écrit le président français Jacques Chirac à Yolanda Pulecio, à l'occasion du 5ème anniversaire de l'enlèvement, le 23 février 2002, de l'ex-candidate des Verts à l'élection présidentielle colombienne.
Parlant d'une "mobilisation permanente du gouvernement français", M. Chirac ajoute: "Alors que se poursuit l'interminable épreuve, je souhaite vous dire que je n'oublie pas".
Mélanie Delloye, fille d'Ingrid Betancourt, et un comité de soutien représentant l'Ile-de-France (région parisienne), très critiques à l'égard de l'action de la diplomatie française, ont refusé jeudi de participer à une conférence de presse au ministère des Affaires étrangères en présence du chef de la diplomatie Philippe Douste-Blazy.
"On n'a pas envie de poser sur une photo avec un sourire à côté du ministre, quand on a le sentiment qu'il n'a pas fait ce qu'il devait faire", a déclaré à la presse Mélanie Delloye, aux côtés de son frère Lorenzo.
Ségolène Royal (G) avec Mélanie Delloye, la fille d'Ingrid Betancourt, le 22 février 2007 à Paris
"On ira le voir, mais sans caméras, quand il aura des choses concrètes à nous dire", a-t-elle ajouté.
Interrogé par la chaîne de télévision I-Télé, M. Douste-Blazy a assuré "comprendre très bien" la réaction de la fille d'Ingrid Betancourt. "Sa mère est en captivité depuis cinq ans. Elle n'attend qu'une chose, c'est de la voir et de la toucher", a-t-il dit.
"La question n'est pas ma personne, la question est la personne d'Ingrid Betancourt", a ajouté le ministre, ajoutant : "Je ferai tout, je prendrai les risques qu'il faut pour la libérer".
Au cours de sa conférence de presse, à laquelle ont en revanche assisté la soeur d'Ingrid, Astrid Betancourt, ainsi que des membres de la Fédération internationale des comités de soutien, M. Douste-Blazy a appelé le président colombien Alvaro Uribe et la guérilla des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) à donner "dans les heures qui viennent" des réponses constructives aux efforts pour obtenir la libération d'Ingrid Betancourt.
"Nous agissons en permanence dans deux directions: d'abord vis-à-vis du gouvernement Uribe en lui demandant d'accepter enfin un accord humanitaire", a expliqué le ministre des Affaires étrangères, en exhortant une nouvelle fois Bogota à ne pas recourir à la force pour tenter de libérer les otages.
"Nous demandons aussi aux FARC cet accord humanitaire et nous leur demandons aussi d'accepter de recevoir nos émissaires", a ajouté M. Douste-Blazy en rappelant que des émissaires français avaient effectué quinze missions "au péril de leur vie" en Colombie.
De son côté, Ségolène Royal, candidate du PS à la présidentielle, a jugé "totalement intolérable" la captivité d'Ingrid Betancourt en signant jeudi le manifeste pour la libération de la franco-colombienne.
Mme Royal a rencontré pendant une demi-heure jeudi matin Mélanie, la fille d'Ingrid Betancourt, qui avait déjà rencontré le candidat UMP Nicolas Sarkozy.
A l'issue de l'entretien, Mme Royal a estimé "intolérable qu'une compatriote française soit retenue depuis maintenant cinq années".
Elle a indiqué qu'elle s'était "engagée, sur la base des cinq actions concrètes du manifeste, à tout mettre en oeuvre pour sa libération". "Il est temps d'agir de façon beaucoup plus opérationnelle pour sa libération", a-t-elle ajouté.
Dans un communiqué, elle a précisé qu'elle mettrait en oeuvre "dès son élection" les cinq points du Manifeste.
"On n'a plus besoin de compassion mais d'action concrète", de "volonté politique", a dit Mélanie Betancourt, pour qui pendant cinq ans la France "n'a rien fait".
Elle a indiqué que Nicolas Sarkozy, quand elle l'a rencontré, s'était lui aussi montré "très ferme".
M. Uribe a annoncé jeudi à Bogota une nouvelle offensive contre "les bandits des FARC" et écarté toute possibilité d'un accord humanitaire avec cette guérilla pour la libération des otages.
Les FARC, première guérilla colombienne avec 17.000 hommes, réclament la libération de 500 rebelles détenus en échange de 57 otages, dont Mme Betancourt.
Ven 23 Fév - 16:22