Les surfeurs français pointent leur planche dans l'élite mondiale
Dans un sport toujours archi-dominé par les Américains, Australiens et Brésiliens, les surfeurs français parviennent peu à peu à tutoyer les meilleurs mondiaux pour intégrer l'élite.
Pour la 2e fois (la 1re était en 2004), un Français, d'ailleurs seul représentant européen, a participé cette saison au circuit du Championnat du monde WCT, l'élite des 44 meilleurs surfeurs mondiaux, qui fait étape à Hossegor jusqu’au 1er octobre pour le Quiksilver Pro France 2006. Et un autre, grand espoir de 18 ans, vient de s'y qualifier pour la saison prochaine.
Après presque un an sur ce WCT (World Competition Tour), le Landais Miky Picon, 27 ans, estime qu’"il n’y a plus de complexe par rapport à la domination anglo-saxonne. On est présent à tous les niveaux: WCT, WQS (Word Qualifying Series - la 2e division), et encore derrière. On a tout pour être les meilleurs !".
"Il nous a longtemps manqué un volume d’excellents surfeurs susceptibles de s’affirmer au plus haut niveau, mais aujourd’hui on est en train de rattraper le retard sur les grandes nations", estime Francis Distinguin, directeur technique national à la Fédération française de surf.
A tout juste 18 ans, le Réunionnais Jérémy Florès est le plus jeune surfeur de l’histoire à s'être qualifié, cet été grâce à ses résultats en WQS, pour le circuit pro WCT saison 2007.
"Il surfe mieux que moi à son âge", avoue Kelly Slater, l’icône américaine de la discipline avec ses sept couronnes mondiales. "Jérémy est un surfeur incroyable, il commence juste à bâtir sa force et va continuer de s’améliorer".
Derrière ces deux parcours individuels, c’est toute une génération qui tire le surf français vers haut. Et bénéficie du partage de l‘expérience professionnelle des surfeurs de la génération précédente, moins chanceuse.
Les aînés Didier Piter, Boris Le Texier, puis Eric Rebière (pionnier en WCT en 2004), Fred Robin et Patrick Beven, entre autres, sont les locomotives qui permettent aujourd’hui l’éclosion de jeunes talents comme Alain Riou, Tim Boal ou Joan Duru (champion d’Europe junior 2006), explique la FFS.
Cette évolution est aussi liée au développement de l’industrie du surf dans la région qui entoure les nouvelles générations, notamment par le parrainage des jeunes espoirs.
"Mon sponsor me suit depuis l’âge de 9 ans et m’a permis de faire des voyages avec les meilleurs mondiaux, notamment Kelly Slater. Cela m’a fait évoluer plus vite et acquérir beaucoup d’expérience à leurs côtés", assure Florès, qui partage son temps entre la Réunion, l’Australie et Hossegor.
Depuis 10 ans, l’ascension de la pratique (quelque 30.000 licenciés, mais cinq fois plus de pratiquants), confirmée malgré des conditions hivernales difficiles, a incité la FFS a développer une filière de haut niveau.
Ainsi, la création d’un Pôle France à Bayonne, regroupant une vingtaine de jeunes de la seconde à la terminale en Sport-études, commence à porter ses fruits: au Brésil, en mai, l’équipe de France junior a été sacrée vice-championne du monde derrière l'Australie.
Picon aura sans doute du mal à conserver sa place sur le WCT, mais pour lui, désormais, "la machine est lancée, il y a plein de jeunes Français qui veulent faire ce que j’ai fait, et qui voudront faire ce que Jérémy est en train de faire. Quand on a l’exemple devant les yeux, c’est beaucoup plus facile".